Santé et mobile : vingt scientifiques lancent un appel à la prudenceSociété - Maintenir le téléphone à plus d’un mètre du corps, ne pas donner de combiné à un enfant, utiliser le kit main libre... Des scientifiques internationaux dressent une liste de dix mesures pour limiter l'exposition aux champs magnétiques.
Réunis par le cancérologue David Servan-Schreiber, vingt scientifiques internationaux lancent un appel pour sensibiliser l'opinion publique sur les risques sanitaires liés à l'utilisation du téléphone mobile.
« À ce jour, les études épidémiologiques existantes sont insuffisantes pour conclure de façon définitive que l'utilisation des téléphones portables est associée à un risque accru de tumeurs et autres problèmes de santé », préviennent-ils dans leur appel.
Toutefois, les études les plus récentes menées sur une période de dix ans montrent « une association probable avec certaines tumeurs bénignes (neurinomes du nerf acoustique) et certains cancers du cerveau, plus marquée du coté d'utilisation de l'appareil ».
Interdire le mobile aux enfants de moins de 12 ans
Il existe un consensus scientifique sur deux points, indiquent les signataires.
Le premier est la pénétration significative des champs électromagnétiques des téléphones dans le corps humain, particulièrement au niveau du cerveau, et plus encore chez les enfants (voir image ci-contre).
Selon l'étude brésilienne de Porto Alegre réalisée en 2006, le cerveau des enfants de moins de 10 ans absorbe 60 % de rayonnement en plus que celui d'un adulte.
Second point : il a été décelé divers effets biologiques des champs électromagnétiques dans les bandes de fréquence des téléphones mobiles (de 800 à 2200 MHz), même en dessous des seuils de puissance imposés par les normes de sécurité européennes (2 W/kg pour 10g de tissu).
Ces effets affectent les tissus vivants, et se manifestent notamment par une augmentation de la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique (une membrane qui normalement protège le système nerveux de substances toxiques) et une synthèse accrue des protéines de stress.
Conclusion : « Les champs magnétiques émis par les téléphones portables doivent être pris en compte en matière de santé.
Il est important de s'en protéger.
Dix mesures simples de précaution peuvent y aider. »
« Ces mesures sont aussi importantes pour les personnes qui sont déjà atteintes d'un cancer afin d'éviter toute influence extérieure qui pourrait contribuer à la progression de leur maladie », indiquent les signataires.
Dix mesures simples de précaution
1. N'autorisez pas les enfants de moins de 12 ans à utiliser un téléphone portable sauf en cas d'urgence.
En effet, les organes en développement (du foetus ou de l'enfant) sont les plus sensibles à l'influence possible de l'exposition aux champs électromagnétiques.
2. Lors de vos communications, essayez autant que possible de maintenir le téléphone à plus d'un mètre du corps (l'amplitude du champ baisse de quatre fois à 10 cm, et elle est cinquante fois inférieure à 1 m de distance).
Dès que possible, utilisez le mode « haut-parleur », ou un kit mains libres équipé d'un tube à air dans ses derniers 20 cm qui semble moins conduire les ondes électromagnétiques qu'un kit mains libres filaire traditionnel ou une oreillette bluetooth (moins d'1/100e de l'émission électromagnétique du téléphone en moyenne).
3. Restez à plus d'un mètre de distance d'une personne en communication, et évitez d'utiliser votre téléphone portable dans des lieux publics comme le métro, le train ou le bus, où vous exposez passivement vos voisins proches au champ électromagnétique de votre appareil.
4. Évitez le plus possible de porter un téléphone mobile sur vous, même en veille.
Ne pas le laisser à proximité de votre corps la nuit (sous l'oreiller ou sur la table de nuit) et particulièrement dans le cas des femmes enceintes - ou alors le mettre en mode « avion » ou « hors ligne/off line » qui a l'effet de couper les émissions électromagnétiques.
5. Si vous devez le porter sur vous, assurez-vous que la face « clavier » soit dirigée vers votre corps et la face « antenne » (puissance maximale du champ) vers l'extérieur.
6. N'utilisez votre téléphone portable que pour établir le contact ou pour des conversations de quelques minutes seulement (les effets biologiques sont directement liés à la durée d'exposition).
Il est préférable de rappeler ensuite d'un téléphone fixe filaire (et non d'un téléphone sans fil - DECT - qui utilise une technologie à micro-ondes apparentée à celle des portables).
7. Quand vous utilisez votre téléphone portable, changez de côté régulièrement et, avant de mettre le téléphone portable contre l'oreille, attendez que votre correspondant ait décroché (baisse de la puissance du champ électromagnétique émis).
8. Évitez d'utiliser le portable lorsque la force du signal est faible ou lors de déplacements rapides comme en voiture ou en train (augmentation maximale et automatique de la puissance lors des tentatives de raccordement à une nouvelle antenne relais ou à une antenne distante).
9. Communiquez par SMS plutôt que par téléphone (limite la durée d'exposition et la proximité du corps).
10. Choisissez un appareil avec le DAS le plus bas possible par rapport à vos besoins (le « débit d'Absorption spécifique » mesure la puissance absorbée par le corps).
Un classement des DAS des téléphones des différents fabricants est disponible sur www.guerir.fr et d'autres sites internet.
Pas de suppression des mobiles
Les scientifiques concluent qu'il « ne s'agit pas de bannir la téléphonie mobile, mais de l'adapter - de la maîtriser - afin qu'elle ne devienne jamais une cause majeure de maladie ».
Le Journal du Dimanche (JDD), qui s'est fait le premier l'écho de leur appel, souligne que si les industriels et le ministère de la Santé n'évoquent aujourd'hui qu'un risque faible, les assureurs sont en revanche plus pessimistes.
À l'image d'Axa, la plupart des assureurs ont exclu de leurs contrats destinés aux particuliers et aux entreprises, les risques potentiels liés aux ondes électromagnétiques. Ils redoutent ce « risque non maîtrisé et qui pourrait dériver en futurs sinistres sériels », confirme au journal le réassureur Paris Re.
Dans le milieu associatif, on se félicite bien entendu de cette initiative. « C'est une bonne et une mauvaise nouvelle.
La bonne est que la commuanuté scientifique prend enfin position sur cette question. La mauvaise est qu'elle confirme nos inquiétudes », commente pour ZDNet.fr, Stéphen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'environnement. Cette association milite notamment pour une interdiction en France de mobiles pour enfants, refusée pour l'instant par le ministère de la Santé.
source:http://www.zdnet.fr/actualites/telecoms/0,39040748,39381749,00.htm:content2:/