Délai de réalisation, offres technique et financière détermineront
la classification des cinq bureaux d’études retenusL’offre financière iranienne pour la réalisation de l’étude de la grande mosquée d’Alger est la moins-disante
Jeudi 25 Octobre 2007
Par Hasna Yacoub
La dernière étape pour le choix d’un bureau d’études qui assurera l’architecture et le suivi du mégaprojet de la grande mosquée d’Alger a été entamée hier, lors de l’ouverture des offres financières des cinq entreprises retenues après la première sélection des offres techniques. En effet, après les soumissions de dix-sept bureaux d’études dont douze étrangers, l’ouverture des plis des offres techniques s’est déroulée le 18 septembre dernier. Cinq bureaux d’études ont été sélectionnés sur la base de plusieurs critères.
Le comité de sélection qui comprend des experts dans différents domaines (architecture, finances, gestion, droit, sociologie, beaux-arts) a noté les soumissionnaires sur 80 points. Les cinq lauréats de l’étude technique seront notés sur vingt points pour leur offre financière. Il s’agit de AS Architecture Studio (France), ASTP/ATKINS (France-UK), Kiefef Ste Krebs Und (Germano-tunisien), Iproplan (Allemagne) et Génidar Sarl (Iran). L’ouverture des plis des offres financières qui s’est déroulée, hier à Dar Imam, a permis de constater que l’offre la moins-disante est celle du bureau d’architecture iranien qui propose de réaliser l’étude du mégaprojet et de le suivre, pour la somme de 5,974 millions d’euros (hors taxes ). Un délai de 12 mois est proposé par Génidar Sarl. ASTP/ATKINS, le bureau franco-anglais propose pour sa part de réaliser l’étude dans un délai de 10 mois contre la somme de 2,926 milliards de dinars (toutes taxes comprises ), l’équivalent de près de 29 millions d’euros. Le bureau français d’AS Architecture Studio propose de réaliser l’étude dans un délai de 17,5 mois. Son coût est estimé à 4, 72 milliards de dinars (HT), l’équivalent de près de 47 millions d’euros. Selon l’offre financière de ce bureau français, le coût de l’étude représente 8,76% du coût global du projet dont la réalisation, selon l’estimation de AS Architecture Studio, est de 71,5 mois.
Le bureau germano-tunisien Kiefef Ste Krebs Und propose de réaliser l’étude dans un délai de 27 mois contre un cachet de 35 millions d’euros pour l’étude et 200 000 euros/mois pour le suivi de réalisation du projet.
La cinquième offre financière soumise hier est celle du bureau allemand Iproplan qui s’élève à 12,91 milliards de dinars HT (l’équivalent de près de 129 millions d’euros) pour délai de 11 à 12 mois.
Le comité de sélection devait commencer, dès hier à 15 heures, l’étude de ces soumissions. Une note sur vingt points va être attribuée à chacun des bureaux d’études. Cette note qui sera additionnée à celle de l’offre technique (sur 80 points), va permettre le classement des soumissionnaires. Une fois cette étape terminée, les cinq propositions seront soumises au président de la République qui devra se prononcer sur le lauréat de cet appel d’offres. Des membres du comité de sélection, rencontrés en marge de l’ouverture des offres financières, ont tenu à répondre aux critiques parues dans certains quotidiens de la presse nationale en précisant que l’opération de sélection du bureau d’études de ce mégaprojet se déroule en toute transparence. M. Abdelli, architecte-enseignant à l’EPAU (Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme) et membre du comité de sélection a précisé que dix-sept bureaux d’études des 43 qui avaient retiré le cahier de charges ont soumissionné : «Il nous a fallu un travail de plusieurs jours pour noter et sélectionner les cinq bureaux des dix-sept. Plusieurs critères ont été étudiés. Il est vrai que nous n’avons pas un règlement national, ou si vous voulez un guide national, pour les concours, mais nous nous sommes référés au cahier des charges.» Concernant le critère de 8 milliards de centimes de chiffre d’affaires annuel exigé pour l’éligibilité à la soumission d’un bureau d’études, M. Abdelli rappelle que «le projet est énorme et il faut faire appel à des bureaux d’études de référence avec des capacités financières et une grande expérience professionnelle. Ceux qui émettent ce prétexte pour dire qu’ils ont été exclus peuvent constater qu’il y a des bureaux d’études de renommée mondiale qui se sont associés pour soumissionner. Nous n’avons exclu personne». Quand au reproche d’avoir fait appel à des architectes-enseignants pour être membres du comité de sélection, M. Abdelli se suffit de rappeler : «J’ai quarante ans d’enseignement, je ne suis peut être pas un architecte-concepteur, mais j’ai l’aptitude d’évaluer et de sélectionner un travail d’architecte.» Au reproche de l’écartement du bureau d’études canadien, Dessau Soprin, choisi pour l’assistance à la maîtrise d’ouvrage, M. Abdelli a rappelé que ce dernier ne pouvait pas être membre du comité de sélection afin d’éviter qu’il n’influence le jury d’une part, et d’autre part, sa collaboration a été demandée dans un volet autre que celui de la sélection. Pour appuyer ses déclarations, M. Kassab Nacer, le directeur de l’Ecole des beaux-arts qui est également membre du comité de sélection a assuré que «la composition du comité de sélection qui a un caractère pluridisciplinaire s’inscrit parfaitement avec l’essence de l’architecture». Il a été également rappelé par les membres du jury, que le projet de la grande mosquée d’Alger date de très longtemps.
En 1934, l’association des Ouléma avait demandé à Hadj Bouchama de faire un croquis d’une grande mosquée. Il y a eu aussi en 1963, une proposition sur le site des Anassers. En 1968, Oscar Muller, l’architecte brésilien de renommée mondiale avait proposé un croquis au milieu de la Méditerranée, face au Jardin d’Essais. En 1985 et lors de la réalisation du grand projet d’El Hamma, le ministère des Affaires religieuses avait proposé la relance du projet de la grande mosquée et, enfin, il y a eu une proposition du bureau Sahraoui pour la construction de cette mosquée dans un site près de l’université islamique, sis au Caroubier (Alger). A préciser que la grande mosquée d’Alger comprendra quatre structures : la mosquée, le minaret, un centre culturel et un institut pour les sciences du Coran. Son édification devra être «à la hauteur de l’histoire et des ambitions du peuple algérien», avait déclaré le ministre des Affaires religieuses.
Il est à indiquer enfin que le début du chantier de ce projet est attendu pour l’année prochaine après la fin de la conception de quelque 70 000 planches, nécessaires pour la réalisation de ce mégaprojet.
H. Y. La tribune