Une étude en neuro-imagerie confirme les conséquences de l’alcool sur le cerveau
L’étude, réalisée de 2003 à 2006, sur 31 hommes, âgés de 30 à 50 ans, dépendants à l’alcool, -consommant en moyenne l’équivalent de 2 litres de vin par jour-, et socialement bien insérés, a permis aux chercheurs du CEA, de l’Inserm et de AP-HP de confirmer des résultats obtenus jusqu’alors de manière éparse. En effet, par l’intermédiaire de l’imagerie médicale, ces
chercheurs ont remarqué que les sujets alcoolodépendants manifestent des modifications anatomiques du cerveau. Plus précisément, ils ont constaté une diminution de la matière grise dans plusieurs régions cérébrales allant jusqu’à 20% dans les régions frontales. De plus, ces
chercheurs ont montré que la matière blanche était altérée chez ces sujets dans son ensemble, avec une diminution majeure de 10% dans le corps calleux (région reliant les hémisphères entre eux).
Par ailleurs, cette étude a permis de révéler que l’âge du premier contact avec l’alcool était déterminant : plus l’alcool est consommé à un âge précoce, moins la matière grise est présente dans certaines régions cérébrales connues pour ne finir leur maturation qu’en fin d’adolescence.
La prise d’alcool à l’adolescence a donc un impact décisif sur le développement de ces régions. Ces résultats soulignent l’intérêt de la prévention et des recherches chez les jeunes à risque de toxicomanies en général.
Les chercheurs se sont également intéressés aux déficits cognitifs chez ces sujets. Sous-tendues par les régions frontales du cerveau, les fonctions cognitives type planification de tâche et résolution de problèmes sont altérées chez ces sujets. Ces travaux montrent aussi que les altérations cognitives étaient fortement reliées à des modifications de forme (morphométriques) de régions profondes du cerveau. Les recherches continuent sur l’exploration fine des modifications de l’ultrastructure du cerveau (IRM de diffusion) ainsi que sur leur impact sur le fonctionnement cognitif des sujets alcoolodépendants.